Une soirée au Théâtre National Populaire avec les 2°2

Christian Schiaretti ne nous a pas emmenés aux enfers avec Phèdre

Le 21 novembre 2019, a eu lieu la première représentation de Phèdre, pièce emblématique de la tragédie classique . Elle a été écrite par Jean Racine et a été jouée ce soir au TNP Villeurbanne.

Avec sa mise en scène épurée, Christian Schiaretti a parfaitement su immerger les spectateurs dans l’univers de Racine grâce à son imagination scénographique et à un très bon jeu de la part des comédiens.

Le décor minimaliste de la pièce a joué un rôle prépondérant dans cette représentation .Il était en effet composé de quatre bancs de petite taille, très éclairés, où les acteurs pouvaient s’assoir et exprimer leurs émotions. Lorsqu’ils s’asseyaient, ils obtenaient une prestance qui donnait aux spectateurs comme l’obligation d’écouter. Ces banquettes étaient situées parallèlement au public, l’une en face de l’autre, deux à deux. Cela permettait de mettre en valeur les personnages qui y jouaient. Le fond était quant à lui très sombre. Il donnait l’impression que la scène n’avait pas de fin. Ce jeu de lumières a permis à Christian Schiaretti d’illustrer la dichotomie entre le bien et le mal caractéristique de la pièce. Seuls Thésée et Phèdre se sont aventurés dans la partie sombre du décor, et cela nous montre qu’ils sont tourmentés. Phèdre y va lorsqu’elle envisage soudainement le sort que son père, le juge des enfers, lui réservera quand elle mourra. Le passage rapide de la zone de lumière à la zone d’ombre est une métaphore du passage du bien vers le mal pour Phèdre. Elle vient en effet de dénoncer Hippolyte pour un crime qu’il n’a pas commis !

En plus de ces artifices, le jeu profond et convaincant des comédiens contribue à nous faire rentrer dans l’univers de la pièce. L’âge des comédiens ne rend en effet que plus réaliste leur personnage. La comédienne qui incarne Œnone, Francine Bergé, a 81 ans ! Son rôle, qui est d’écouter et de conseiller Phèdre, est plus cohérent car son âge est synonyme de vécu et donc d’expérience. Elle joue d’une façon calme alors que Le plus jeune, Marc Zinga (qui incarne Hippolyte), laisse quant à lui ses émotions s’exprimer. On peut le voir avec les premiers discours de la pièce entre Hippolyte et Théramène. Leur entrée sur la scène est faite de façon brutale. Ils arrivent en marchant, d’un pas pressé, Hippolyte parle très fort, ce qui fait ressentir aux spectateurs sa colère et son envie pressante de partir : « Le dessein en est pris, je pars, cher Théramène…». Chut !La pièce commence.

Si vous aimez les rebondissements, les trahisons et les histoires d’amour, Racine a écrit l’histoire qu’il vous faut. Vous voulez connaitre la suite de la pièce ? Vous pouvez acheter votre billet sur le site du TNP Villeurbanne.

Emilie Ajar

Vendredi 22 novembre 2019 Le Progrès

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